On m’a demandé s’il existait un esprit de quartier dans Montcalm – tu sais, comme le bien connu limoilove.
« Bien sûr », ai-je répondu. Ça me semblait une évidence.
Sauf qu’au moment d’expliquer comment cet esprit se manifeste, là , je me suis mise à patiner. (Pas très beau à voir : je patine tout croche, et ma technique pour freiner est de foncer dans un obstacle.)
Quelles preuves, donc?
Voyons voir.
- Quand je bouquine, ou quand je me promène, il m’arrive d’avoir un échange verbal bref, mais significatif avec des êtres humains, eux aussi vivant dans Montcalm.
- Quand je croise des coureurs sur les plaines, je leur souris (ou alors j’esquisse un signe de tête, selon l’énergie qu’il me reste).
- On pourrait franchement réécrire la chanson thème de la sitcom Cheers pour parler de chez Sebz.
Certes, rien d’extravagant comme une foule éclair qui chanterait sur mon passage tandis que je file sur Père-Marquette au pas de course, mais de petits riens, justement, qui font qu’on se sent appartenir à une communauté.
Un esprit de quartier, donc.
Ou même… une sorte d’esprit de village?
Grinces-tu des dents, Montcalm, quand j’ose écrire village? En général, c’est plutôt connoté négativement, pas vrai?
Je vais te faire un aveu – j’espère que tu es bien assis : je viens d’un village.
Et dans un vrai village, quand tu croises quelqu’un, n’importe qui, tu dois lui dire bonjour.
Alors sais-tu quoi, Montcalm? Nous allons nous adonner à une subversion : prendre le mot village, démodé, et le revamper. (Tu vas voir qu’en Haute-Ville aussi, on peut faire nos « hipsters »[1].)
Lançons ensemble quelque chose comme l’« Initiative Montcalm-Village-centre-du-monde ». À partir de tout de suite, là , maintenant, tu vas te faire un devoir de :
- tenir la porte à quelqu’un en entrant dans un commerce, et lui sourire;
- saluer poliment quelqu’un que tu croises dans la rue, et lui sourire;
- ou juste dire bonjour aux chats qui se promènent sur Fraser, si tu es vraiment, vraiment timide. Tu peux aussi leur sourire.
Bon, là , attention : on veut un Montcalm poli et souriant, pas un haut lieu du harcèlement de rue. Ton beau sourire, c’est un cadeau. Sois conscient que la personne à qui tu l’offres ne te doit rien.
Là , je t’entends penser : Pfffffftttt.
Fait que je te réponds ceci : T’es pas game, Montcalm.
P.-S. Si tu crains de mettre les gens mal à l’aise, pratique-toi devant un miroir.
[1] Hipsters entre guillemets : emploi au deuxième degré – question d’hipstériser le mot hipster.